Parenthèse enchantée refermée, place à la cruauté des finances publiques

Il est improbable qu’un gouvernement de coalition se forme pour décider d’économies budgétaires. Plus probablement, une tutelle européenne se profile et un drame à la grecque.

Les Jeux Olympiques seront définitivement derrière nous après les jeux paralympiques. 

La facture de cette merveilleuse « parenthèse enchantée » - pour reprendre l’expression à la mode - qui fit vibrer nos cœurs et l’orgueil national se monte à plus de 10 Mds€.

Meilleurtaux.com :

« le coût de ces Jeux devrait dépasser les 10 milliards d’euros, alors que les organisateurs avaient tablé sur un budget de 6,8 milliards d’euros.
Dont 4 à 5 milliards de financements publics.

Si les JO de Paris ont battu le record de vente de billets pour des Jeux, cela représente « seulement » un peu plus d’1 milliard d’€ de recettes.
Les retombées attendues sont donc principalement indirectes.
 »

Les amateurs de calculs simplets en déduisent qu’au lieu de 4 à 5 milliards que nous n’avons pas, ces Jeux Olympiques admirés dans le monde entier nous coûtent 7 à 8 milliards que nous n’avons pas et que nous n’aurons pas. 

Hum… Peu de gens, dans la conduite de leurs projets personnels peuvent se permettre des dérapages budgétaires de 47%. Mais avec l’argent « public », tout est permis, bien sûr. Ceux qui prennent les décisions n’en supportent jamais les conséquences.

Tradingeconomics.com :

« Les bénéfices économiques potentiels des Jeux Olympiques au troisième trimestre seront probablement limités en raison de l’incertitude politique persistante ».

De l’incertitude à la chienlit 

Incertitude ? « Chienlit » semble un terme plus adapté pour décrire la situation politique française. 

Des coalitions politiques s’accorderont toujours pour dépenser de l’argent qui n’existe pas dans des projets dont le chiffrage est aussi douteux que l’intérêt. En revanche, les coalitions qui se forment pour économiser sont aussi courantes que les fraises bio sur la lune.

La situation des finances publiques est la suivante : la France, médaille d’or de la dette, joue dans la catégorie poids lourds avec plus de 3 200 Mds€. Le personnel politique de tous bords n’a aucune intention de redresser la situation et ajoute année après année des déficits qui gonflent la dette.

Le programme du Nouveau Front Populaire prévoit le SMIC à 1 600 € (pourquoi pas 1 800 ou 2 000 € ?) et de casser la misérable réforme de la retraite par répartition (régime démographiquement condamné). Donc, toujours plus de dépenses…

Les agences de notations ont dégradé la note de la dette française et la Commission européenne a mis notre beau pays sous le régime d’une procédure pour déficit excessif.

Pour le moment, les marchés financiers n’en ont cure comme le témoigne l’évolution du rendement des obligations à 10 ans. Un rendement qui baisse indique en effet que ces titres trouvent sans problème des acheteurs.

Évolution sur 1 an du rendement des emprunts français à 10 ans

Il me semble que cette complaisance vient du fait qu’aucun gouvernement n’est encore sorti des dernières élections.

En attendant la nomination d’un Premier ministre, le gouvernement démissionnaire tente de bricoler, avec des fonctionnaires peu disposés à réduire leurs prérogatives, un budget qui prévoit 20 milliards d’économie. Autant demander à des obèses conseillés par des boulimiques de concocter un régime diététique. Mais les marchés semblent n’y attacher aucune importance… pour le moment. 

En attendant le Tsipras gaulois…

Vous vous souvenez d’Alexis Tsipras, Premier ministre Grec du temps où l’Europe faisait « tout ce qu’il fallait » pour sauver la Grèce de la banqueroute ? Tsipras était un bon petit bourgeois (son père était entrepreneur), communiste, à l’origine d’une union de la gauche dans son pays et du parti Syriza. Il arriva au pouvoir fin 2014 avec des promesses de jeter aux orties l’austérité imposée en 2010 par les créanciers internationaux :

·       Suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique compensée par une prime annuelle de 1 000 euros pour les fonctionnaires gagnant moins de 3 000 euros et gel des salaires des fonctionnaires pendant trois ans

·       Treizième mois maintenu dans le secteur privé en contrepartie d’un renforcement de la flexibilité du marché du travail

·       Durée de cotisations retraites portée de 37 annuités à 40 annuités en 2015

·       TVA passée à 23%

Tsipras fut finalement obligé de signer en juillet 2015 un accord avec les créanciers de la Grèce conditionné au maintien de ces mesures dites d’austérité qui avaient été progressivement mises en place depuis 2010.

Ce sont les contribuables européens qui ont payé la casse : l’effacement d’une partie de la dette publique et le renflouement des banques qui avaient trop prêté à la Grèce.

Compte-tenu de la position dominante du NFP, nous aurons probablement droit à un Tsipras tricolore qui, dans un premier temps, refusera la potion amère de l’austérité (plus exactement le fait de ne dépenser que l’argent qu’on a).

Puis, comme toujours, il faudra se rendre à l’évidence : l’argent gratuit n’existe pas et le gaspillage finit par être sanctionné par une « perte de pouvoir d’achat » pour toutes les classes sociales assortie d’impôts supplémentaires pour les classes moyennes.

Bien sûr, l’Histoire ne se répète jamais à l’identique et Tsipras n’a pas de clone français.

De surcroît, il existe trois différences importantes entre la France et la Grèce :

·      La France est aussi médaille d’or de la pression fiscale tandis qu’en Grèce l’évitement de l’impôt était une discipline nationale. Ceci signifie que la diminution du déficit courant par l’alourdissement de la pression fiscale est illusoire,

·      Les banques françaises, gorgées de dettes françaises, sont plus grosses que les banques grecques,

·      La taille de la France dépasse les facultés de financement du FMI qui intervient surtout dans des « petits » pays.

Il est par conséquent possible que les déposants français se retrouvent dans le cas des déposants chypriotes ou libanais avec des comptes gelés ou confisqués.

Tant que les taux sur l’emprunt à 10 ans ne dépassent pas 4 à 5%, vous avez le temps de prendre vos dispositions.

Pour conclure, un mot sur l’or. Il ne vous a certainement pas échappé qu’il battait record sur record dans toutes les grandes devises et que les banques centrales restaient acheteuses. Nous pouvons donc en déduire que :

·      L’or reste bien une monnaie et même une monnaie de banque centrale,

·      Une crise monétaire couve toujours.

Entre les taux d’intérêt de la dette française qui laissent penser que tout va bien et les cours de l’or qui donnent à penser que les devises perdent pied, je préfère croire l’or.

Évolution du cours de l’once d’or en euros

Source or.fr 

Nous vous conseillons donc plus que jamais de placer une partie de vos liquidités en or qui reste la monnaie ultime qui n’est la dette de personne ni d’aucun État.

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