Le budget de tous les dangers

Après la difficile nomination d’un premier ministre, attendons l’accouchement encore plus difficile d’un budget qui sera probablement aussi désastreux pour les finances publiques que pour nos finances personnelles.

À la décharge d’Emmanuel Macron, la nomination d’un premier ministre capable de plaire à une majorité de Français était une mission impossible. 

En effet le nombre des suffrages recueillis par des partis dits extrémistes ou populistes montre que les Gaulois se défient des politiciens.

Et « en même temps », ces mêmes Français croient aux promesses politiciennes concernant leur pouvoir d’achat, leur sécurité, leur retraite, leur santé, leur éducation…

Les deux pilules mal digérées

Le film Matrix, sorti en 1999 et devenu culte, décrit une société humaine asservie, grâce à l’emprise d’une pilule bleue qui permet à ceux qui l’absorbent de rester dans une bienheureuse ignorance, évitant toute vérité dérangeante. Il existe toutefois un antidote, la pilule rouge, qui permet d’affronter la réalité et les vérités éventuellement désagréables 

Les Français semblent avoir ingéré et mal digéré les deux pilules, déclarant se méfier des politiciens, se plaignant de la pression fiscale mais souhaitant sous-traiter toujours plus la conduite de leurs affaires privées à l’État.

Ainsi, un gouvernement pourrait décider de leur pouvoir d’achat, pensent-ils…

À titre personnel, mon éducation familiale me porte plutôt à croire qu’ « à talent égal, celui qui travaille le plus gagne plus ».

Mais il semblerait que pour beaucoup de mes compatriotes ce ne soit pas le cas et qu’ils croient qu’un gouvernement peut créer du pouvoir d’achat. Par exemple en augmentant le SMIC à 1 600 €, promesse qui réconcilie les deux « extrêmes » : le NFP et le RN.

Pourquoi 1 600 € et pourquoi pas 1 852,68 € ou 16 000 € ? Mystère …

Sur ce sujet, mon éducation familiale a encore pris le dessus sur l’enseignement public. Il est avéré que le niveau du salaire minimum décrété par la puissance publique n’a jamais contribué à augmenter le pouvoir d’achat des masses. Dans les pays les plus riches, le salaire minimal fait l’objet de négociations de branches entre les industries concernées et leurs salariés.

Un gouvernement ne crée pas de richesse mais plutôt de la corruption

Les échanges de valeur créent de la richesse. Les partages n’en créent pas. Les politiciens ne savent qu’organiser des partages de valeurs qui existent déjà et sont incapables de créer de la valeur.

Exemple pour illustrer ce propos : J’ai 100 stères de bois. Je suis prête à les échanger, contre des plants d’arbres truffiers. En effet, je sais que certains emplacements de mes bois seront favorables au développement des chênes ou des noisetiers truffiers. Le pépiniériste qui développe ces plants dits « mycorhizés » (ils sont spécialement traités pour être truffiers) a besoin d’énergie pour climatiser ses serres qui abritent ces jeunes arbres. Notre échange se traduira par une création de valeur au travers d’une nouvelle production de truffes, moins coûteuse que la truffe « sauvage ».

Mais si l’État me taxe mes 100 stères pour lutter contre les inégalités de chauffage, il n’y aura jamais aucune création de valeur. 100 stères seront brûlées dans des poêles par des gens qui n’auront pas acheté leur bois et n’auront pas eu besoin d’exercer leurs talents pour se chauffer. Ils n’ont alors aucune incitation à créer de la valeur.

Pour comprendre le mécanisme de création politique de la corruption, il faut aller plus loin. Prenons le cas de la production dite bio.

Les producteurs qui passent en bio bénéficient de subventions. Ces subventions proviennent d’impôts (de prélèvements sur la valeur déjà créée) ou de d’argent emprunté (de prélèvements sur la valeur qui sera créée dans le futur).

Ce qu’ils produisent reste – malgré les subventions – plus cher que la production traditionnelle. Les prix de vente au détail des produits bio sont donc plus élevés que ceux des produits conventionnels. 

Par conséquent, le consommateur bio qui est aussi contribuable y perd doublement en pouvoir d’achat. Il a payé des impôts qui ampute son pouvoir d’achat et il paie plus cher pour un produit similaire. En revanche, le producteur bio subventionné y gagne. Lorsqu’il ira voter, ce dernier sera enclin à favoriser le parti politique qui soutient le bio qui appauvrit le consommateur… Certes, ce n’est pas de la corruption comme celle qui sévit dans les pays à mouches, c’est un processus plus subtil qui est l’apanage des pays dits développés et ultra-réglementés. Mais cela reste de la corruption : de l’argent a été pris de force et est donné contre des voix.

Sachant qu’un gouvernement ne crée pas de richesses comment peut-il assainir des finances publiques au bord du gouffre ?

Le budget qui rééquilibre les finances publiques ?

Il n’y a pas 36 manières de s’attaquer à la dette. Il n’y en a qu’une seule : il faut au minimum un budget à l’équilibre.

Il y a deux façons d’obtenir un budget à l’équilibre :

·      Diminuer les dépenses,

·      Augmenter les taxes. 

Les premières déclarations de Michel Barnier laissent à penser que la diminution des dépenses sera très timide. Là où il faudrait utiliser la tronçonneuse de l’argentin Javier Milei, ce sera plutôt le papier de verre au grain ultrafin du politicien chevronné qui sera employé.

Un exemple ? Le nombre de fonctionnaires.

Ne pas remplacer un fonctionnaire qui part à la retraite, comme le propose Michel Barnier, ne se traduit par aucune économie. Un fonctionnaire retraité coûte aussi cher qu’un fonctionnaire en activité.

En réalité, le Premier ministre n’a donné aucune piste de diminution notable des dépenses.

En revanche, un signe clair d’augmentation des impôts a été énoncé. Citons Le Figaro du vendredi 6 septembre :

« Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6% du PIB cette année, le premier ministre nommé jeudi a répondu : « Face à cette urgence, je ne m'interdis pas une plus grande justice fiscale ».

« Je vais (m') efforcer, avec les différents ministres qui seront nommés, de mieux maîtriser, de mieux utiliser l'argent public et de m'appuyer sur des services publics, parce que nous avons besoin de services publics efficaces », a-t-il ajouté. » 

Ite missa est. La messe est dite.

Mais pour vos finances personnelles ce n’est pas encore le sauve-qui-peut. Pour deux raisons.

La première est que « les marchés » voient pour le moment d’un bon œil la nomination de l’europhile technocrate, « étatiste de droite » qu’est Barnier. Pour preuve, les taux d’emprunt à 10 ans se sont détendus depuis sa nomination ce qui allège la charge de la dette. Ainsi, depuis ma dernière chronique, le rendement de l’OAT à 10 ans est passé de 2,983% à 2,869%.

Évolution sur 1 an du rendement des emprunts français à 10 ans 

La seconde est que toute augmentation d’impôt devra ne pas faire l’objet d’une motion de censure mais faire l’objet d’un vote. Là encore ce n’est pas gagné pour Barnier…

Pour gérer au mieux vos finances personnelles dans cette trouble période nous vous conseillons de garder un œil sur le rendement de l’OAT à dix ans, un autre sur l’évolution des cours de l’or en euro. Enfin, un petit temps de cerveau pour lire nos conseils si vous souhaitez être plus actif que défensif.

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Parenthèse enchantée refermée, place à la cruauté des finances publiques