Sauvés à crédit par des visionnaires

La France est un doux pays où le ridicule ne tue pas, fort heureusement pour nos politiciens sauveurs de l’économie. Malgré de nombreux signaux alarmants, l’humeur reste à la fantaisie et à la fête du sport.

Standard & Poor’s a rendu son verdict : la note de la dette française a finalement été dégradée.

Bruno Le Maire s’enorgueillit d’avoir sauvé l’économie française tout seul avec ses petits bras musclés :

«Si aujourd’hui nous avons un niveau de dette élevé, c’est pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française »

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Pour le moment, la vie financière reste un long fleuve tranquille. Nous empruntons sur 10 ans à seulement un peu plus de 3%.

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Aucun sursaut de panique du côté des rendements obligataires. Mais ce calme a un prix.

Un rendement garanti contre l’inflation pour attirer les investisseurs

Au début de l’année 2024, l’Agence France Trésor indiquait :

« Comme au cours des années précédentes, l’Agence France Trésor ajustera ses émissions pour répondre à la demande et assurer la liquidité des valeurs du Trésor. Le programme prévoit notamment que les émissions d’obligations indexées, tant sur l’inflation française qu’européenne, représenteront environ 10 % des émissions nettes à moyen et long terme. »

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Pour continuer à plaire aux investisseurs, il faut leur donner des garanties qu’ils ne se feront pas plumer par l’inflation. Un rendement de 3% sur 10 ans, c’est bien joli, mais ce n’est rien si l’inflation atteint elle aussi 3%. Les obligations indexées sur les indices d’inflation européen ou national permettent de garantir au souscripteur un rendement réel.

Il y a malgré tout un petit inconvénient : en cas de dérapage de l’inflation, ces titres sont de véritables détonateurs qui font exploser la charge de la dette.

Cette dernière atteindrait environ 50 Mds€ pour 2024. 

Mais certains investisseurs commencent à réduire leur exposition

Morningstar indiquait le 27 mai, juste avant la dégradation de Standard & Poor’s, que certains gérants obligataires sous-pondéraient la dette française :

« Ces fondamentaux n’incitent guère les investisseurs nationaux et étrangers à acheter de la dette.

Tous les gérants interrogés ont d’ailleurs indiqué qu’ils étaient « sous-pondérés » en dette française avec des taux de détention très en-deçà des indices de référence – certains gérants détiennent environ 5% dette française alors que le poids de la France dans les indices est plutôt de 20%. »

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Il est vrai que malgré 3 100 Mds€ de dettes,

·      La partie publique de l’autoroute A13 reste fermée pour cause de trous et de fissures (source),

·      L’hôpital public poursuit sa déliquescence (source),

·      Les professeurs de l’école publique se font assassiner tandis que le niveau de l’enseignement sombre (source),

·      Les délais de justice s’allongent (source et source) tandis que les erreurs se multiplient (source).

Mais jusqu’ici tout va bien, nous dit-on. Nul besoin de tronçonneuse comme le revendique le sanguinaire Javier Milei en Argentine. Il n’y a rien que Bruno Le Maire ne puisse pas sauver à coups de déficits et de dettes.

Après le festival de Cannes, les commémorations du débarquement, Roland-Garros, les élections européennes, arrivent les Jeux Olympiques pour occuper joyeusement et festivement le devant de la scène médiatique.

Le ridicule des visionnaires qui dilapident l’argent des autres

Anne Hidalgo survivra-t-elle à sa baignade dans la Seine où sera-t-elle submergée par les 9 Mds€ de dettes de la ville de Paris ? Suspens… En attendant le verdict réécoutons avec délice la Pythie Parisienne :

« Sur la voie olympique, il y aura des capteurs solaires qui récupéreront l’énergie solaire mais sans doute aussi l’énergie de celles et ceux qui s’y déplaceront. Des équipements sportifs d’ici 2024 où on va récupérer l’énergie des joueurs et des spectateurs »

Anne Hidalgo, février 2017, Commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale

Heureusement, la France reste un doux pays, indulgent avec son personnel politique si honnête et si dévoué au « bien public ».

Ainsi, Ségolène Royal – alias la Dinde du Poitou - a survécu à ses portiques écotaxes et ses routes solaires.

Gageons qu’Anne Hidalgo survivra tout aussi bien en récupérant notre énergie. C’est la force tranquille des parasites.

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Crise de la dette française ou « sécurité et austérité » ?

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